Mais qu’en est-il de la réalité ?
À la naissance, la partie inférieure du visage de bébé est encore très sous-développée. Pourtant, c’est à travers des actions aussi naturelles que la respiration, la succion et la tonicité de la tête que va se former son visage et son alignement dentaire. Ces premières fonctions jouent un rôle essentiel dans le développement de structures faciales saines et équilibrées.
Le bébé a donc besoin de :
- **Respirer exclusivement par le nez**,
- **Faire une succion active**, que ce soit au sein ou au biberon,
- **Tenir sa tête** de manière autonome.
Il est également important de déconstruire une idée reçue très courante : celle selon laquelle le crâne des bébés serait fragile. En réalité, le crâne des nouveau-nés n’est pas aussi fragile qu'on pourrait le penser, mais plutôt **malléable**. Il s’adapte et se modèle en fonction des contraintes et des stimulations qu'il subit, particulièrement durant les premières années de vie.
La croissance crânienne est un processus qui va de pair avec le développement moteur de l’enfant. Ces deux aspects sont intimement liés et se nourrissent mutuellement.
C’est grâce à l’enseignement de ma mère, **Geneviève Belot**, ostéopathe formée auprès des pionniers de l’ostéopathie en France, que j'ai pu approfondir ma compréhension des facteurs de croissance impliqués dans la formation du crâne et de la face du bébé. Dans cet article, nous allons explorer ces éléments clés et leur impact sur le développement harmonieux de votre enfant.
Quels sont les facteurs de croissance influençant la formation du crâne et du visage chez le bébé ?
Cessez de soutenir la tête des bébés. Encouragez lès à déclencher le réflexe d’auto grandissement, vital pour leur développement moteur et la formation de leur crâne et visage. En maintenant leur bassin correctement, les bébés peuvent soutenir leur tête, renforçant ainsi les muscles profonds de la colonne vertébrale.
En Afrique, il est fréquent de voir des enfants porter des charges sur la tête, ce qui stimule ce réflexe. Contrairement aux idées reçues, le crâne des bébés est malléable et s'adapte aux contraintes. La croissance crânienne et le développement moteur sont interconnectés. Écoutez les conseils d'experts, comme Geneviève Belot, pour mieux comprendre ces processus.
Le crâne du bébé : comment est-il composé ?
Pour bien comprendre le crâne du bébé, il faut d’abord savoir qu’il ne s’agit pas d’une version miniature du crâne adulte, mais d’une structure en constante évolution. À la naissance, les six os principaux du crâne (l’occiput, les deux pariétaux, les deux temporaux et l’os frontal) ne sont pas encore soudés. Ils sont reliés par des sutures et des zones souples appelées fontanelles. Le crâne se divise en trois parties : la voûte, la base et la face. La voûte et la base ont pour rôle de contenir et de protéger le système nerveux, tandis que la face accueille les organes sensoriels ainsi que la bouche, le nez et les oreilles.
Chaque partie du crâne grandit à son propre rythme, influencée par divers facteurs tels que les mouvements des yeux, de la langue, l’action des muscles qui s’attachent au crâne et la croissance du cerveau. À la naissance, le crâne du bébé est principalement constitué de la voûte et de la base, tandis que la face continuera de se développer tout au long de la vie. Les proportions de ces différentes parties évoluent de manière significative durant la croissance. Une animation illustrant le développement du crâne à partir de l’âge de 5 mois est disponible pour mieux visualiser ces transformations.
Le mouvement : le facteur prédominant de la formation du crâne
Dans la formation du crâne et du visage, on observe les traces de l’évolution de l’espèce humaine, de son adaptation et de sa posture. La chronologie de l’évolution, depuis les australopithèques jusqu’à l'Homo sapiens, révèle également des changements dans la structure du crâne. Par exemple, les chimpanzés, qui sont spécialisés dans la vie arboricole, ont une colonne vertébrale à courbure simple, un crâne réduit et une mâchoire proéminente. En revanche, chez l’être humain, la marche, la course et l'endurance ont favorisé une courbure accrue de la colonne vertébrale, influençant la forme du crâne.
Les humains sont les seuls vertébrés dont la colonne vertébrale forme un angle droit avec la base du crâne. Ce positionnement est rendu possible par le développement de la bipédie et de la motricité. La clé de cette transformation est la position horizontale de l’os occipital, qui permet l’élargissement de la voûte crânienne, un changement qui entraîne également le développement du visage : la mâchoire s’abaisse, les yeux prennent place vers l’avant, les dents s’ajustent, et la langue s’installe dans le palais. Ces adaptations sont le fruit de l’évolution de la mobilité et de la posture humaine.
Mais alors quels facteurs influencent la formation du crâne et de la face du bébé ?
La biomécanique nous enseigne que, pour grandir harmonieusement et bien développer son crâne, l’enfant doit bouger librement. C'est une question purement mécanique ! Ainsi, maintenir un bébé en position allongée prolongée dans une poussette, un transat, ou tout autre équipement de puériculture qui limite ses mouvements est une erreur. Ces dispositifs entravent sa croissance en restreignant sa liberté de mouvement. À l’image de l’évolution vers la bipédie, qui a débuté il y a environ 7 millions d’années, le bébé a besoin de franchir chaque étape de son développement moteur : se mettre à plat ventre, se retourner, ramper, avancer à quatre pattes, s’asseoir, se relever, puis marcher.
Notre rôle est d’accompagner les bébés dans cette progression en leur offrant, à chaque étape, des positions actives qui favorisent l'engagement et l’allongement de leurs muscles. Cette liberté de mouvement permet notamment la rotation de l’os occipital, influençant ensuite l’os temporal, le développement de la mandibule, et ainsi de suite, assurant un développement harmonieux de la structure crânienne.
Vous l’aurez compris, le principal facteur de développement du crâne et du visage du bébé est sa motricité globale.
Le second facteur est la respiration nasale. Le flux d’air qui traverse les voies nasales agit comme une turbine, stimulant la croissance du crâne et du visage. Il est donc essentiel que le bébé respire sans entrave : veillez à éviter tout dysfonctionnement de la langue (voir notre article sur le frein de langue), des narines trop pincées, ou des conditions de température inadaptées.
Le troisième facteur est la position de la langue au palais. Elle est cruciale pour la déglutition et la mastication et joue un rôle dans la formation du palais, qui doit s’élargir horizontalement pour accueillir les dents de lait et, plus tard, les dents définitives.
La mastication constitue le quatrième facteur. Si le bébé est nourri uniquement avec des aliments très lisses, il n’exerce pas les muscles de la langue, des joues et des lèvres. Or, ce sont ces muscles qui permettent un développement harmonieux de son visage.
Enfin, l’expression faciale – ou "la mimique" – est le cinquième facteur. Les mouvements du visage, comme les sourires, les grimaces, le plissement des yeux ou du nez, stimulent les muscles faciaux, influençant le positionnement des pupilles, des paupières et des lèvres. L’ensemble de ces expressions façonne la croissance et l’harmonie du visage du bébé.